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Les NOUVELLES des Mureaux
Les NOUVELLES des Mureaux
16 août 2010

INTERCO : les Roms de la boucle

Mobilisation et inquiétudes

 autour du camp des Roms de la Boucle de Chanteloup

gens voyage ; boucle chanteloup ; communnauté agglomération deux rives de Seine ; ait ; carrières ; mancel ; triel ; ribault ; triel ; cardoLundi 16 août, une trentaine de membres du Collectif de soutien aux familles Roms de la Plaine de Triel-Chanteloup ont rendu visite au camp rom installé entre Carrières et Chanteloup, accompagné de la presse.

Ce camp comprend une centaine de personnes qui vivent dans une situation très précaire. La menace d’expulsion est très forte, depuis la visite de la police nationale le 12 août dernier. La peur règne et les enfants sont terrorisés par une éventuelle expulsion vers la Roumanie. Les membres du Collectif s’insurgent aussi contre les déclarations du maire (PRG) de Carrières-sous-Poissy : Eddie Aït « est un soi-disant élu de la gauche qui stigmatise les Roms et soutient la politique de Sarkozy » ont affirmé les membres du Collectif.

 Les maires de Triel et de Carrières demandent l’expulsion des Roms de la plaine. La Communauté d’agglomération soutient cette position. Et pourtant : celle-ci déroge volontairement à ses obligations en matière d’accueil des gens du voyage.

 

Au fond du sentier, un brasier nauséabond. Des dizaines de caravanes insalubres, des voitures essoufflées, des cuisines de fortune installées aux abords, sans hygiène : le dénuement est ce qui marque le plus la visite de ce camp Rom de la plaine de Chanteloup. Aucun signe extérieur de richesse suspect, ni de « grosses cylindrées » comme le déclarait le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, le 28 juillet dernier, à propos des voitures qui « trainent les caravanes » des gens du voyage…

 

Deux ans d'efforts d'intégration des familles risquent d'être réduits à néant

gens voyage ; boucle chanteloup ; communauté agglomération deux rives de la seine ; triel ; mancel ; andrésy ; ribault ; carrières ; ait ; cardoLes rares familles ayant bien voulu s’exprimer (en majorité les mères, les plus inquiètes) témoignent de l’angoisse qui s’est emparé du camp : « nos enfants font des cauchemars la nuit : ils ne veulent plus connaître les expulsions [de Pierrelaye, en 2007], ils ne veulent pas partir en Roumanie. Leur pays, c’est la France : ils ne savent pas parler roumain. Ils veulent continuer à aller à l’école ». Depuis le fichage organisé par la police, jeudi 12 août, les familles Roms s’attendent au pire : pendant que les membres du Collectif expliquent la situation, beaucoup de femmes pleurent. On apprend que les hommes du camp, aidés du Collectif, organisent une surveillance nocturne. Pour Anne Laforgue, de la LDH 78, « chaque matin, les familles ont peur. Tout le travail réalisé par le Collectif depuis deux ans risque d’être détruit d’un jour ou l’autre : il y a des familles ici qui sont là depuis des années ! ».

En effet, le Collectif de soutien a œuvré à la scolarisation des enfants du camp et a dû batailler contre les refus de scolarisation par les municipalités de Chanteloup et Triel : « nous avons du faire intervenir la HALDE qui a obligé les communes ». De même, le collectif aide les familles dans leur combat pour obtenir des allocations familiales : « ils en ont le droit mais la CAF renvoie la balle à la préfecture… ».

gens voyage ; boucle chanteloup ; communauté agglomération deux rives de la seine ; triel ; mancel ; andrésy ; ribault ; carrières ; ait ; cardoPour Gilles Sert, du collectif, « la préfecture et la sous-préfecture refusent d’engager le dialogue : depuis la semaine dernière, personne ne veut nous répondre au téléphone ». Une demande de rendez-vous avec la préfecture est demandée. Le Collectif pose ses conditions : pas de destruction du camp, ni d’expulsion.

Les maires de Triel-sur-Seine et de Carrières-sous- Poissy sont critiqués. Tout deux demandent la destruction du camp. Le collectif s'est moqué de l’une des raisons avancées par le maire de Triel, Joël Mancel : « le camp ferait peur aux… chasseurs ».

 

Grosse colère contre le maire de Carrières, Eddie Aït, un "soi-disant élu de gauche"...

Eddie Aït, maire de Carrières et conseiller régional PRG, a été le plus sévèrement critiqué. Il faut dire que M. Aït a mis le feu aux poudres en tenant des propos à la tonalité étonnamment sarkozyste : « évacuation et expulsion » du camp pour « une mise en œuvre concrète » des mesures sarkozystes a t-il martelé dans un communiqué de presse. Pour Gilles Sert, « Eddie Aït est un soi-disant élu de gauche qui jette en pâture une population, stigmatise les Roms et soutient le Président Sarkozy ». Le Collectif nous a confirmé qu’aucun contact n’a pu être établi avec le maire de Carrières : « il était en vacances mais depuis qu’il est rentré, il ne répond pas à nos messages ».

Les propos et la position d’Eddie Aït semblent au premier abord surprenant à plus d’un titre. Il est rare qu’un élu de gauche soutienne la politique sarkozyste particulièrement dans le domaine de la sécurité. Surtout, localement, rappelons qu’Eddie Aït est vice-président de la Communauté d’agglomération (CA2RS) « en charge de l’accueil des gens du voyage » (sic) tout en ne s’étant jamais déplacé sur le terrain, ni rencontré un responsable du camp rom en question.

 

Le non respect des obligations en matière d'accueil des communes de la communauté d'agglomération

La loi distingue « aires d’accueil » et « aires de grand passage » :

La loi du 5 juillet 2000 (2000-614) rend obligatoire pour les communes de plus de 5000 habitants la participation "à l'accueil des personnes dites gens du voyage et dont l'habitat traditionnel est constitué de résidences mobile" par la réalisation d'aires d'accueils.

Les besoins sont prescrits par le schéma départemental d'accueil des gens du voyage au terme d'une procédure de concertation assez longue.

Il convient de distinguer, selon le ministère du logement, deux aires distincts :

-les aires d’accueil proprement dites dont la vocation est le séjour des gens du voyage de quelques jours à plusieurs mois ;

- les aires de grand passage qui sont destinées à accueillir des groupes de 50 à 200 caravanes et ont un caractère temporaire c’est à dire qu’elles sont rendues accessibles en tant que besoin. La durée de stationnement sur les aires de grand passage devrait être limitée et ne pas dépasser une quinzaine de jours.

Notre interco est concernée par les deux types d’aires : la commission départementale des Yvelines a décidé l’implantation de l’aire de grand passage, pour la zone « St Germain-en-Laye / Maisons Lafitte / Gargenville / Maule », sur la boucle de Chanteloup. Une aire de 150 places est prévue sur la commune de Triel, aux abords de la déchetterie d’Azalys.

Le schéma départemental prévoit deux aires d’accueil rive droite : une aire d’accueil commune aux villes d’Andrésy et de Carrières. Celle-ci devra garantir 34 places de caravanes. Une autre aire à Triel de 16 places.

Eddie Aït profite de l’offensive gouvernementale contre les Roms pour demander l’expulsion d’un camp. Le contexte est favorable pour passer sous silence le non respect par nos communes des obligations en matière d’accueil des gens du voyage, issues des lois Besson de 2000.

Petit rappel des faits :

Le schéma départemental prévoit d’abord une aire de grand passage (voir les définitions dans l’encadré) sur la boucle. D’une contenance de 150 places, cette aire prévue aux abords de la déchetterie d’Azalys pour la fin de l’année 2010, a été bloquée par tous les élus de la CA2RS, en novembre 2009. Face à l’invasion régulière de caravanes dans la plaine et l’absence de toute réaction policière, Eddie Aït, maire de Carrières, expliquait alors cette décision par l’inaction de l’Etat : « Nous n’avons pas de garantie d’expulsion et, de fait, les forces de l’ordre n’interviennent pas ».

Quant aux deux aires d’accueil prévues, l’une à Triel, l’autre entre Carrières et Andrésy, les municipalités concernées n’ont encore entamé aucun travaux – comme la grande majorité des communes de France concernées. Le maire d’Andrésy et sa majorité ont même voté contre le schéma départemental en septembre 2005.

Ces décisions contraires à la loi pose deux problèmes.

Premier problème : le délai pour construire ces aires d’accueil était de deux ans, éventuellement prorogé de deux ans encore, « lorsque la commune ou l'établissement public de coopération intercommunale a manifesté, dans ce délai, la volonté de se conformer à ses obligations ». Les délais sont dépassés et l’Etat pourrait acquérir les terrains nécessaires afin de réaliser les investissements nécessaires aux frais des communes. Mais l’Etat n’a ni le temps, ni le budget nécessaires et ne veut pas se fâcher avec les maires.

Second problème : le maire de Carrières, Eddie Aït, a déclaré, le 25 novembre 2009, que sa ville avait « donné son accord à la préfecture pour l'implantation d'une aire de grand passage. En contrepartie, les différentes communes sont exonérées d'aire sur leur territoire. » Or, ce raisonnement semble juridiquement faux : le schéma départemental est toujours en vigueur et les trois villes doivent toujours construire les aires d’accueil. En effet, ce schéma départemental est un arrêté et reste opposable. Les maires ne peuvent, a priori, négocier une aire d’accueil contre une aire de grand passage.

 

Quand le maire d'Andrésy se considérait comme "exemplaire" en matière d'accueil des gens du voyage :

Lors du Conseil municipal du 22 septembre 2005, Hugues Ribault déclarait qu’Andrésy « était exemplaire car, avec Carrières, les communes ont travaillé, avec l’aide du sous-préfet, sur la mise en place d’une zone d’aire d’accueil des gens du voyage. Celle-ci sera située sur le territoire de Carrières, à la limite d’Andrésy, le long du tracé potentiel de la A104 ».

Cinq ans après, aucune aire d'accueil n'a encore vu le jour, tant à Andrésy, qu'à Triel ou Carrières...

* * *

On ne voit guère de solutions poindre dans cet épineux dossier : les maires de notre interco ne veulent absolument pas remplir leurs obligations en matière d’accueil des gens du voyage (les investissements sont financés par l’Etat, jusqu’à hauteur de 70 %), soutenus par la (grande) majorité silencieuse de leurs concitoyens.

L’activisme du gouvernement autour des roms est du pain bénit pour nos communes, notamment pour le maire de gauche Eddie Aït, régulièrement attaqué par l’opposition de droite et sur certains forums comme un maire incapable d’empêcher les gens du voyage de s’installer aux abords des quartiers nord de la ville (un « aspirateur à nomades » peut-on lire sur un forum). Ceci explique son vif soutien aux décisions prises par Nicolas Sarkozy.

Néanmoins, les offuscations de nos maires envers « l’inaction de l’Etat » seraient bien plus légitimes si eux-mêmes étaient irréprochables face à leurs obligations légales.

gens voyage ; boucle chanteloup ; communauté agglomération deux rives de la seine ; triel ; mancel ; andrésy ; ribault ; carrières ; ait ; cardo

Par: Lionel Wastl

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